Au fil de l’eau

Penché sur la rivière je scrute le courant
J’aperçois mon visage au miroir de l'onde
Mais mon reflet  tremblote sous les assauts du vent
Ma vue aussi se trouble. Au loin l’orage gronde.

En  longeant la rivière j'observe les  péniches
Naviguer lentement sous un ciel de nuages.
Elles fendent les flots gris que leur étrave aguiche
Jusqu’à la grande écluse  près du  nouveau barrage.

Du chemin de halage j'observe sans malice
Tous les marins du jour se soumettre  au supplice
De vérifier la coque et tout l’accastillage
Des bateaux de plaisance arrivant au mouillage.

Au loin, près de la berge, s’approchant de la ville,
Une troupe de cygnes blancs barbote avec aisance
Appelant bruyamment  les jeunes malhabiles
Tandis que des colverts cherchent  leur  subsistance.

J'entrevois, sinuant dans cette eau peu profonde,
Des gardons brouter l'herbe dont cette rive abonde.
Un groupe d'alevins zigzague sous le miroir
Gobant les moucherons tentant de venir boire.

Un jeune héron cendré juché sur une branche
Surveille le courant prêt à saisir sa chance.
Il s'est pris d'amitié pour l'ombre d'une tanche
Qu'il guigne avec passion pour en faire sa pitance.

Un couple de cormorans étend ses ailes en croix
Implorant je ne sais quel dieu pour une proie.
Ils exposent au soleil leur plumage trempé
En réchauffant leur corps avant de replonger.

A l'abri du feuillage, au plus près de la rive,
Un couple de poules d'eau reste sur le qui-vive.
Mon passage les inquiète. Je ne vois pas leur nid
Peut-être qu'elles ne l'ont pas tout à fait fini.

Délaissant les abords de cette eau si tranquille
Je longe la peupleraie et reviens vers la ville
J'effarouche en passant une bande d'étourneaux
Une pie, des mésanges et deux ou trois corbeaux

Venez donc ! Ce chez moi est au bord de la Seine !
Tout près d'une forêt de bouleaux et de chênes.
Un peu après Corbeil, vous trouverez sans peine
Ce séjour enchanteur se nomme Saintry-sur-Seine.