Les Voix du Poème - 1

Le chant  des  poètes

Sur les scènes antiques les aèdes contaient
Les guerres homériques, fabuleuses épopées,
Captivant l’auditoire de bien d’autres chroniques
Composées à  la gloire des héros de l'Attique.
Les bardes magnifiaient victoires et batailles
Pinçant lyres et luths au cours de leurs ripailles
Ils glorifiaient les champs, les troupeaux et les cieux,
En récitant des hymnes pour remercier les dieux.

Plus tard les ménestrels courant par monts et villes,
Nomades musiciens, compositeurs habiles,
Relataient des histoires, des contes imaginaires
Récitant leurs poèmes à d'augustes parterres.
Le "Roman de la Rose" qui vient du Moyen Age,
Des poètes médiévaux  est le bel héritage,
Tel celui de "Renart"  que chantaient dans les cours
D'obscurs ménétriers pour leur repas du jour.

Et ces voix  entonnaient des ballades d'Amour
Que répandaient partout trouvères et troubadours.
Cette époque bénie des poètes d'autrefois
A inspiré les règles de l'Amour Courtois.
Gente Dame placée en haut d'un piédestal
Ecoutait subjuguée la cour d'un madrigal,
Que déclamait  la voix d’un  audacieux galant
Qui espérait ainsi apaiser ses  tourments.

La Dame est le sujet de toutes leurs attentions.
Sublimant ses atours avec ostentation,
Ils en font une reine ou même une princesse
Et rêvent d’en obtenir d’impossibles caresses.
Toutes les voix de jadis comme les contemporaines
Ont loué de la femme la beauté souveraine
Et  invoqué les muses, les grâces et les déesses
Leur dédiant des poèmes pleins de délicatesse.

Je ne crains pas de dire que par leur humanisme
Ils ont tracé  la voie de tous les romantismes,
Forgeant avec leurs  mots les accords de musique
D’une  vivante symphonie aux accents pathétiques.
Les voix de nos poètes s’insinuent dans nos têtes
Sans avoir prétention à  faire notre conquête
Ni même nous infliger les plus petits tourments
Ils martèlent de leurs rimes tous les grands sentiments.

J’entends leurs mots crier et hurler à la ronde
Et leurs chants amplifier une harmonie féconde.
Ils savent sublimer les beautés  de la terre
Et nous faire apprécier la musique des sphères.
De nos jours nous avons  de nouveaux grands  poètes
Qui grossissent l’armada de leurs glorieux ancêtres.
Ils brandissent le flambeau de la belle écriture
Et veulent simplement poursuivre l’aventure.

Ils peignent avec des mots des tableaux infinis
Mêlant à la musique leur amour de la vie. 
Ils fustigent les outrances de notre triste monde
Et dénoncent les contrées où tant de  pauvres abondent.
Sachons leur accorder toute notre gratitude
Même s’ils raillent  hardiment  toutes nos certitudes.
Pour leurs vers et leurs voix, leurs chants et leurs trompettes.
Nous devons simplement remercier les poètes.