lundi 2 mars 2015

Un Vilain Canard


(Le conte du Vilain petit canard  d'Andersen revisité et versifié)

Près d’un petit étang vivaient sans tintamarre
Un chien, quelques moutons et deux ou trois chevaux.
Une bande de canards pataugeait dans la mare
Et un groupe d’oies blanches broutait au bord de l’eau.

Et c’est dans ce décor qu’à l’ombre d’un bosquet,
Une cane découvrit un œuf abandonné.
Adoptant aussitôt l’objet sans protection
Elle l’ajouta bientôt avec sa couvaison.

Mais lorsque l’éclosion survint beaucoup plus tard,
Qu’enfin lui apparut son nouveau petit canard,
Elle s’aperçut bien vite avec étonnement
Qu’il était différent de ses autres enfants.

Le jour de sa naissance, au milieu des canetons,
La bizarre apparence du petit rejeton
Lui valut d’être exclu et chassé de la mare,
N’étant pas accepté par les autres canards.

Chahuté sans arrêt par ses amis d’enfance,
Incapables d’accepter sa curieuse prestance,
Becqueté par les uns, maltraité par les autres,
Il cachait son chagrin et se croyait en faute.

Mais un jour, excédé, il prit sa décision.
Il voulut voyager vers d’autres horizons.
Alors il s’envola, fuyant à tire d’aile,
Sa mère et la smala et toute la parentèle.

Il survola des mers, des montagnes et des plaines,
Supporta les frimas dans des régions lointaines.
Il nicha dans des champs près de froides rivières,
Visita des étangs, des bois et des clairières.

Après bien des années, devenu grand et fort,
Notre bel exilé se posa aux abords
Des rives d’un grand lac. Un bouquet de roseaux
Camouflait des bernaches criaillant sur les eaux.

Il s’approcha du bord et, se penchant sur l’onde,
Discerna son image. Il fut très étonné,
Car il n’avait jamais vu pendant son tour du monde
Des oiseaux ressemblant à son propre reflet.

Tout en s’interrogeant sur cette découverte,
Il allait naviguant sur le lac endormi,
Quand il entendit comme un bruit de trompette
Imitant en tout point les accents de son cri.

Il remarqua alors près de la rive herbeuse,
Deux grands oiseaux tout blancs au port majestueux,
Patrouillant de conserve sur l’étendue aqueuse,
Arrachant leur pitance au rivage sableux.

Notre ami, intrigué par cette ressemblance,
S’approcha hardiment de ces deux grands oiseaux
Qui l’accueillirent avec une grande déférence,
Comme ils auraient reçu l’Empereur des Oiseaux.

Il venait de trouver sa nouvelle famille
Qui voulait bien de lui sans faire des histoires.
Enfin il allait pouvoir vivre tranquille.
Il était bienvenu malgré sa livrée noire.

Aujourd’hui, il se doit de remercier la chance,
Car s’il est devenu un très beau Cygne noir,
Il n’a pas oublié qu’en sa petite enfance
On le traitait tout le temps de vilain petit canard.

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